Je sors lentement de ma nuit,
l'esprit encore dans les volutes de draps de satin, de caresses
sucrées, de béatitudes célestes, de rencontres heureuses… Je me réveille. Le jour se lève à
peine et déjà me submerge le flot des sombres nouvelles d'un monde rugueux,
gifles salées, horreurs terrestres, mauvaises fréquentations…
Tout un "sale" envahit nos
écrans, ersatz de nos rêves. Nous acceptons ainsi, sans même nous en
apercevoir, d'abandonner notre imaginaire pour réintégrer le moule de la
pensée unique, plus limitée qu'exemplaire, celle liée à notre clan. Puisque
nous sommes persuadés d'appartenir aux gros, aux maigres, aux noirs, aux
blancs, homos ou hétéros, etc……
Depuis la nuit des temps, depuis que
l'homme croit détenir les clefs de son destin, l'élite, abusant
outrageusement des bains des privilèges, se lave les mains des souffrances
de la grouillante cohorte d'êtres humains réduits au rôle de marchandise
productrice, dont il sera décidé d'où et de comment la rentabilité du
produit sera optimale, comme un bovin, et encore, de nombreux éleveurs ont
plus de respects pour leurs bêtes que nos dirigeants pour leurs électeurs…
Tout n'est qu'illusion, l'esprit est
noyé dans le flot des magazines du superficiel, des télévisions de
l'extraordinaire, le cache-cache des tricheries des faux innocents, des
prétendus coupables, des chimères faciles et des dérivations destructrices
par des produits illicites pour mieux empoisonner ceux qui auraient pu
représenter la moindre menace…
Le temps passe, que l'on ait ou non
du jeu, il faut abattre ses cartes ou se laisser abattre par le désespoir
des nuits blanches et ce sentiment que l'on ne peut rien y faire.
Nous sommes pourtant tellement maître
de nous !!!
J'accepterai de te laisser sur le
quai d'une gare si tu as peur du voyage ou si tu te lasses d'attendre le
bon train, le sourire pour faire bien, je cacherai alors, dans la nuit qui
vient, mes larmes ; mes larmes de tristesse, puisque tu ne me suis pas,
mais aussi celles de colères…
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